Publié par Véronique Proulx
S’il faut se réjouir de la déclaration des premiers ministres, il faut aussi mettre à contribution les entreprises d’ici dans nos discussions avec les États-Unis et nous avons les leviers nécessaires pour y arriver, affirme la PDG de la FCCQ, Véronique Proulx.
Le Canada traverse une crise sans précédent, alors que Donald Trump semble déterminé à mettre ses menaces à exécution. Dans ce contexte, il était primordial que les différents ordres de gouvernement s’unissent afin d’assumer un leadership économique fort devant la guerre tarifaire qui se dessine.
La déclaration des premiers ministres sur les relations entre le Canada et les États-Unis est une excellente nouvelle pour les entreprises. Enfin, on sent une mobilisation et une prise de contrôle ! Les entreprises attendaient cette démonstration depuis des semaines.
Ne pas se laisser intimider et faire front commun. Ces éléments sont essentiels pour préserver la santé des entreprises d’ici et de notre économie.
La prochaine étape est de consulter et d’impliquer les entreprises, afin d’être en mesure de répondre efficacement aux menaces de l’administration Trump.
Le milieu économique veut et doit faire partie de la solution. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. On commence un marathon de quatre ans, parsemé d’incertitudes et de soubresauts.
La diplomatie commerciale : tous doivent y contribuer
Les entreprises doivent être mises à contribution dans cet effort sans précédent. Nous devons être sur le terrain et échanger avec nos partenaires d’affaires américains afin de souligner à quel point nos économies sont intimement liées.
En effet, le Canada a une place de choix dans l’échiquier économique américain, alors que nous sommes le principal client de 36 États américains, dont le Texas, le Michigan et l’Ohio. Il est important de le rappeler aux États-Unis.
De plus, les entreprises américaines qui ont un pied de chaque côté de la frontière seront durement touchées par une guerre tarifaire.
J’aurai le privilège d’être à Washington la semaine prochaine pour rencontrer plusieurs acteurs économiques. Je m’engage d’ailleurs à porter la voix de nos entreprises, tant de nos grands exportateurs qui sont au front que de nos PME qui font intimement partie des chaînes d’approvisionnement. C’est sur elles que repose la vitalité de nos régions.
Plus que jamais, nous devons avoir des discussions sérieuses afin de consolider des alliances d’affaires.
Nous avons des munitions, utilisons-les !
Contrairement aux idées reçues, le Canada possède des leviers et des munitions pour éviter des conséquences économiques qui nuiraient aux deux parties.
Nous avons des minéraux critiques nécessaires pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement et permettre aux États-Unis de prendre leurs distances par rapport à la Chine.
Les contre-mesures tarifaires doivent également être considérées. En 2018 et 2020, la réponse canadienne aux surtaxes américaines sur notre acier et notre aluminium, avec des tarifs de 10 % à 25 % sur divers produits américains, avait aussi contribué à faire reculer l’administration Trump.
Tout doit être fait pour éviter les tarifs ! Mais soyons prêts à jouer toutes nos cartes advenant la mise en vigueur de tarifs importants.
Nos gouvernements peuvent agir maintenant
Le Québec et le Canada peuvent optimiser leurs propres stratégies afin d’augmenter leur compétitivité. Ils doivent commencer par passer de la parole aux actes en mettant enfin en place des mesures favorisant l’approvisionnement local dans les contrats publics. L’environnement fiscal doit également être à la hauteur.
De plus, ils doivent accompagner les entreprises afin de favoriser la diversification des marchés d’exportation, mais également des importations.
Finalement, l’une des clés de la compétitivité est le prix de l’énergie. Augmenter les tarifs pour les entreprises serait non seulement contre-productif, mais priverait aussi celles-ci d’un avantage concurrentiel important.
Il faut rétablir notre rapport de force et nous avons les leviers nécessaires pour y arriver. L’unité qu’ont démontrée nos premiers ministres représente une étape importante. Maintenant, les entreprises doivent être incluses dans les discussions stratégiques pour compléter cette équipe Canada forte, prête à aller au front.
Partager
