Recommandations de la FCCQ pour mieux soutenir les PME québécoises

Importance économique des PME et du repreneuriat + état actuel de l’entrepreneuriat

 

  • Au Québec, sur environ 275,000 entreprises avec employés, pas moins de 99,5% sont des PME (500 employés et moins), et 97% sont des TPE-PE, soit des entreprises de moins de 100 employés.
  • Les TPE-PME embauchent à travers le Québec plus de 3 millions de personnes, soit environ 80% de l’ensemble des emplois composant le marché du travail québécois.
  • Les PME représentent 50% des recettes fiscales générées par les entreprises québécoises, soit largement plus de 10 milliards $ annuellement. Elles représentent aussi environ 50% du Pib québécois, et 60% des dépenses en R&D.
  • Une très large part, entre-les 2/3 et les 3/4 selon les secteurs, des PME québécoises sont également des entreprises familiales. Il s’agit donc d’un véritable pilier de notre économie, mais aussi de notre tissu communautaire et familial.

Importance du repreneuriat

  • Plusieurs études publiées au cours des dernières années démontrent que la part des TPE-PME québécoises envisageant de vendre, de transférer ou, à défaut, de fermer au cours des prochaines années est en forte croissance.
  • En date du 3e trimestre de 2024 par exemple, plus d’une entreprise de moins de 100 employés sur cinq au Québec prévoyait de vendre, transférer ou fermer au cours des douze prochains mois, soit d’ici la fin 2025.
  • Plus d’une municipalité de moins de 1000 habitants sur cinq, soit près d’une centaine de communautés à travers le Québec, n’a plus de commerce de proximité. C’était à peine une sur dix il y a vingt ans.

État de l’entrepreneuriat

  •  L’entrepreneuriat ne se porte pas bien au Québec. Depuis quinze ans, le Québec a perdu au net plus de 15 000 entreprises.
  •  Depuis le début des années 1990, la croissance du nombre d’entreprises au Québec a été beaucoup plus faible qu’ailleurs au Canada. Les intentions entrepreneuriales et le taux de création d’entreprise sont plus faibles au Québec que dans le reste du Canada.
  • Sur un an entre l’été 2023 et l’été 2024, les dossiers d’insolvabilité des entreprises québécoises ont augmenté de 57% par rapport à la période de 12 mois précédente, de 2022 à 2023.
  • En 2023-2024, le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par les entreprises québécoises a atteint les 3650. Au cours des quatre dernières années, de 2020 à 2023, le taux annuel d’insolvabilité des entreprises québécoises est passé de 1,8% à 3%, contre 0,7% en Ontario.
  • Le taux de productivité moyen, l’investissement en capital et les dépenses de R&D sont au Québec inférieure à ceux de l’Ontario et de la majorité des économies avancées, et en particulier à celui des États-Unis.
  • Cela se traduit par un écart de richesse défavorable d’un peu plus de 16 000$, en PIB par habitant, sur la moyenne des 19 pays les plus riches de l’OCDE, et par un écart de revenu net disponible par habitant de 5000$ sur la moyenne des mêmes 19 économies avancées.
  • Le Québec est aux prises avec d’importants problèmes au niveau de la santé mentale de ses entrepreneurs et chefs d’entreprise, qui s’est significativement dégradée.
  • Une consultation menée par le biais de L’Observatoire FCCQ a par exemple montré que 57% des entrepreneurs et dirigeants d’entreprises au Québec ont déjà souffert ou connaissent un entrepreneur ayant déjà souffert de problèmes de santé mentale ayant nécessité un arrêt de travail.

Recommandations

1. Fardeau réglementaire / administratif

Contexte : 

– La mise en conformité avec les dispositions de la Loi 25 sur la protection des renseignements personnels occasionne beaucoup de problèmes, et les sanctions administratives pécuniaires prévues sont complètement démesurées.

– Nous saluons l’effort gouvernemental des dernières années en matière d’allégement réglementaire et administratif. L’adoption de loi omnibus chaque année dans cet objectif est louable, et il s’agit d’une initiative qui doit être poursuivie.

– Mais la réalité est que ces efforts ne compensent absolument pas le fardeau administratif supplémentaire que de nouvelles mesures, comme la Loi 25, imposent aux PME.

– Les analyses d’impact réglementaire qui accompagnent les projets de loi et de règlement susceptible d’affecter les entreprises ne sont trop souvent ni fiables, ni révisées dans le temps lorsque les entreprises témoignent d’effets plus importants que prévu sur leur fardeau administratif ou financier.

– L’une des raisons qui les rendent peu fiables, d’ailleurs, est justement que le secteur privé, soit les associations sectorielles, les associations de PME ou les entreprises elles-mêmes, sont rarement parties prenantes, et encore moins rédactrices de ces analyses d’impact, qui demeurent de prérogative ministérielle.

Recommandations : 

  1. Instaurer un crédit d’impôt remboursable dédié aux PME et applicable aux investissements en cybersécurité nécessaires aux efforts de conformité à la Loi 25.
  2. Assurer une participation active du secteur privé dans l’élaboration des analyses d’impact réglementaire.
  3. Rehausser l’ambition des projets de loi omnibus annuels sur l’allégement.

2. Marchés publics

Contexte : 

– Le Québec ne s’approvisionne en biens auprès de contractants québécois qu’à hauteur de 43% dans le cadre de ses contrats publics. 45% il y a dix ans.

– Encore en 2022-2023, soit dans la foulée de l’adoption de la Loi 18 (Projet de loi no 12) et de la Stratégie gouvernementale des marchés publics, près de 90% des contrats publics octroyés au Québec l’ont été selon le mode d’adjudication du plus bas soumissionnaire.

Recommandations : 

  1. Adopter les règlements nécessaires afin que d’ici 5 ans, la majorité des contrats publics soient octroyés selon un mode d’adjudication intégrant des critères de qualité (seulement 13% en 2022-2023).
  2. Assurer l’application systématique, par le Centre d’acquisitions gouvernementales et tous les organismes publics, de la marge préférentielle de 10% prévue à la Loi 18 pour les entreprises québécoises et canadiennes.
  3. Mieux former les organismes publics pour que les appels d’offres soient adaptés aux réalités des PME, puis réduisent au minimum la lourdeur administrative liée aux soumissions.

3. Fiscalité

Contexte : 

– Les PME québécoises ont un fardeau fiscal plus important que leurs concurrentes canadiennes et internationales. En pourcentage du PIB, les impôts sur le bénéfice, les cotisations sociales et l’impôt total des entreprises sont significativement plus élevés au Québec qu’ailleurs au Canada ou dans la moyenne des pays de l’OCDE.

– Même en termes absolus, malgré la taille deux fois moins importante de l’économie québécoise, les taxes sur la masse salariale prélevées au Québec surpassaient en 2022 de près de 330 millions $ celles prélevées en Ontario, atteignant plus de 8 milliards $.

– Les impôts sur la masse salariale prélevés au Québec surpassent, en pourcentage du PIB, plus de trois fois les proportions correspondantes dans le reste du Canada ou, en moyenne, dans les pays membres de l’OCDE.

– Le taux d’imposition sur les premiers 500 000 $ de revenu des petites entreprises québécoises est actuellement de 3,2% en vertu de la déduction pour petite entreprise, alors qu’il se situe à 2% en Colombie-Britannique et en Alberta, à 1% en Saskatchewan (sur les premiers 600 000 $ de revenu), et à 0% au Manitoba.

– Les crédits d’impôts accessibles aux PME sont peu utilisés : en date de 2019, seulement 4,4% des sociétés incorporées au Québec bénéficiaient annuellement d’un ou l’autre des crédits d’impôts offerts. En 2009, cette proportion était de 5,7% et en 1999, de 11,4%. Le coût des crédits d’impôt a explosé, mais leur utilisation par les PME a largement décliné.

– Les principaux crédits fiscaux sont largement accaparés par les grandes entreprises : les dernières données en date montrent que plus de 40% des crédits d’impôts offerts annuellement au Québec sont réclamés par un peu plus de 1000 grandes entreprises, alors que plus de 20 000 petites entreprises en touchent seulement 35%, et que 2500 moyennes entreprises en touchent à peine un peu plus de 20%.

Recommandations : 

  1. Faire de la simplification du régime fiscal des entreprises, par un allègement des exigences de conformité ainsi que par une réduction du nombre et de la complexité des crédits et exemptions, l’un des objectifs prioritaires de son examen des dépenses fiscales annoncé pour 2024-2025.
  2.  Renoncer à la hausse du taux d’inclusion des gains en capital
  3.  Réduire le taux d’imposition générale sur le revenu des sociétés de 11,5% à 10%

4. Créer un sous-ministériat du MEIE spécifiquement dédié aux PME et à l’entrepreneuriat

Recommandations : 

  1. Nos PME et entrepreneurs ont besoin d’une voix forte et influente au Ministère de l’Économie, qui ait clairement pour principale responsabilité d’assurer la cohérence de l’action gouvernementale en matières fiscales, administratifs et réglementaires, et en appui aux PME et entrepreneurs.
  2. Tous les ministères doivent être sensibilisés et informés, en continu, des impacts potentiels des politiques qu’ils mettent en œuvre sur nos entrepreneurs, nos PME, leur productivité et leur capacité à mener à bien leurs projets.

Tous les ministères doivent être sensibilisés et informés, en continu, des impacts potentiels des politiques qu’ils mettent en œuvre sur nos entrepreneurs, nos PME, leur productivité et leur capacité à mener à bien leurs projets.